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Hector Berlioz

E’ una “frase musicale che ricorre in tutte le montagne d’Abruzzi. L’ho sentita cantare da Subiaco ad Arce, nel Regno di Napoli”. Così descrive Berlioz quella nenia che gli ispirò la “Sérénade d'un montagnard des Abruzzes à sa maîtresse”, terzo movimento della celeberrima sinfonia “Harold in Italie”. Ma il musicista scrisse di averla sentita per la prima volta ad Alatri cantata senza accompagnamento dalla voce roca di un popolano in una osteria. Melodia romanticissima, triste e dolce ad un tempo, meravigliosamente esaltata dal suono della zampogna, come in questo caso.

 

Mémoires de Hector Berlioz c. XXXVIII

Je m’en tins à la musique des paysans ; au moins a-t-elle, celle-là, de la naïveté et du caractère. Une nuit, la plus singulière sérénade que j’eusse encore entendue vint me réveiller. Un ragazzo aux vigoureux poumons criait de toute sa force une chanson d’amour sous les fenêtres de sa ragazza, avec accompagnement d’une énorme mandoline, d’une musette et d’un petit instrument de fer de la nature du triangle, qu’ils appellent dans le pays stimbalo. Son chant, ou plutôt son cri, consistait en quatre ou cinq notes d’une progression descendante, et se terminait, en remontant, par un long gémissement de la note sensible à la tonique, sans prendre haleine. La musette, la mandoline et le stimbalo frappaient deux accords en succession régulière et presque uniforme, dont l’harmonie remplissait les instants de silence placés par le chanteur entre chacun de ses couplets ; suivant son caprice, celui-ci repartait ensuite à plein gosier, sans s’inquiéter si le son qu’il attaquait si bravement discordait ou non avec l’harmonie des accompagnateurs, et sans que ceux-ci s’en occupassent davantage. On eût dit qu’il chantait au bruit de la mer ou d’une cascade. Malgré la rusticité de ce concert, je ne puis dire combien j’en fus agréablement affecté. L’éloignement et les cloisons que le son devait traverser pour venir jusqu’à moi, en affaiblissant les discordances, adoucissaient les rudes éclats de cette voix montagnarde. Peu à peu la monotone succession de ces petits couplets, terminés si douloureusement et suivis de silences, me plongea dans une espèce de demi-sommeil plein d’agréables rêveries ; et quand le galant ragazzo n’ayant plus rien à dire à sa belle, eut mis fin brusquement à sa chanson, il me sembla qu’il me manquait tout à coup quelque chose d’essentiel... J’écoutais toujours... mes pensées flottaient si douces sur ce bruit auquel elles s’étaient amoureusement unies !... L’un cessant, le fil des autres fut rompu... et je demeurai jusqu’au matin sans sommeil, sans rêves, sans idées... 

     Cette phrase mélodique est répandue dans toutes les Abruzzes ; je l’ai entendue depuis Subiaco jusqu’à Arce, dans le royaume de Naples, plus ou moins modifiée par le sentiment des chanteurs et le mouvement qu ils lui imprimaient. Je puis assurer qu’elle me parut délicieuse une nuit, à Alatri, chantée lentement, avec douceur et sans accompagnement ; elle prenait alors une couleur religieuse fort différente de celle que je lui connaissais.

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